Ce qu'en disait le Journal Le Monde.

LES SANGLANTS INCIDENTS DU PLATEAU DES GLIÈRES

Alger, 26 mars (A.F.P., U.P.I.). - Sans tenir compte d'une mise en garde extrêmement ferme de la préfecture de police d'Alger, plusieurs centaines d'Algérois ont obéi au mot d'ordre de l'O.A.S. les appelant à manifester au plateau des Glières. Ayant réussi à tourner le service d'ordre en passant par les petites rues ou en forçant certains barrages, les Européens voulurent ensuite quitter le lieu de rassemblement pour gagner la rue Michelet. Au niveau de l'immeuble du Mauretania, des coups de feu claquèrent. Selon certaines informations, le tir, qui était parti du haut de cet immeuble, visait les C.R.S. qui barraient la circulation au carrefour de l'Agha. Ceux-ci ripostèrent et de nombreux manifestants furent atteints.

Voici comment se sont déroulés les faits. Depuis le début de la matinée l'O.A.S. avait appelé par tracts " la population entière du Grand Alger à se réunir à 15 heures au plateau des Glières " où les habitants du centre devaient se trouver.

De là, poursuivait l'appel " drapeaux en tète, sans aucune arme, un cortège ordonné se dirigera vers le cordon qui isole le " ghetto " de Bab-El-Oued ".

En fin de matinée, la préfecture de police d'Alger publiait un communiqué dans lequel elle disait elle disait notamment :
" Après les événements de Bab-El-Oued, il est clair que les mots d'ordre de ce genre ont un caractère insurrectionnel évident. Il est formellement rappelé à la population que les manifestations sur la voie publique sont interdites. Les forces du maintien de l'ordre les disperseront, le cas échéant, avec toute la fermeté nécessaire. "

Cependant dès 14 h. 30, venant du quartier de Belcourt et du Champ-de-Manœuvre, descendant des rues et des escaliers qui surplombent le centre d'Alger, par groupes de dix à vingt, des jeunes gens ne cessent d'affluer vers le plateau des Glières, entièrement bouclé ar les barrages des camions, flanc contre flanc.

Au carrefour de l'Agha, quelques centaines de manifestants sont bloqués par les barrages. L'animation commence. La foule clame des slogans, lance des coups de sifflet, tandis que parmi elle des jeunes gens font courir des mots d'ordre.

Pour terminer, il serait bon que ces deux assoiffés de vérité, répondent aux questions suivantes :

Peu après un cortège de plusieurs centaines de jeunes gens venus du Champ-de-Manœuvres arrive boulevard Baudin, à proximité du commissariat central, où des C.R.S. forment un barrage.

C'est alors que se produit la fusillade qui dure pendant cinq à six minutes.
D'un seul coup des centaines de personnes se couchent par terre ou gagnent en rampant les encoignures de portes, les couloirs, les magasins. En quelques minutes, la rue est déserte; les rafales continuent.

Un premier Bilan : onze morts, cent cinquante blessés

Cette fusillade qui a éclaté au carrefour de l'Agha ne serait pas le seul engagement.
Des coups de feu auraient été tirés devant la caserne Bugeaud, rue d'Isly, siège de l'état-major du corps d'armée et aux environs de la Grand-Poste.
D'après des témoins, un fusil mitrailleur a tiré des rafales contre l'hélicoptère de surveillance qui survolait le centre d'Alger.

Publié le 27 mars 1962 à 00h00, mis à jour le 27 mars 1962 à 00h00 Le Monde.
https://www.lemonde.fr/archives/article/1962/03/27/les-sanglants-incidents-du-plateau-des-glieres_2344362_1819218.html

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Mis en ligne le 24 mars 2023

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