Édris, fils d'Édris, fils d'Abd-Allah, descendant d'Ali, gendre du prophète Mohammed et de sa fille Fathma, fut le fondateur de cette dynastie. Il fut salué émir dans la ville d'Oulila (l'ancienne Volubilis) l'an 172 de l'hégire (787 de J.C.). Il s'était réfugié dans l'ancienne Mauritanie Tingitane, à Tiulit, pour échapper aux persécutions du khalife abbasside Haroun-er-Rachid contre tous les membres de la famille des Alides, autrefois souveraine, et qui n'avait pas renoncé à ses prétentions à l'empire. Un parti puissant s'était déclaré pour lui parmi les Berbères de l'ouest ; et c'est grâce à leur concours qu'il put vaincre les gouverneurs envoyés à Tanger par Haroun-er-Rachid et se rendre indépendant. Impuissant à abattre son ennemi par les armes, Haroun fit partir secrètement pour l'ouest un médecin juif, avec mission de faire périr le descendant d'Ali. Édris étant mort empoisonné, l'histoire a accusé Haroun-er-Rachid de ce crime.

Mais la puissance de la nouvelle dynastie ne fut pas ébranlée ; Édris eut pour successeur un fils posthume, qui régna trente ans. On lui attribue la fondation de la ville de Fès, l'an 185 de l'hégire. Ses successeurs régnèrent pendant plus de cent ans, depuis Sous jusqu'à Oran, sur tout le pays qui composait l'ancienne Mauritanie Tingitane, et une partie de la Mauritanie Césarienne. En dehors de ces limites, l'influence des Édrissites fut peu sensible. Cependant ils prirent souvent une part très active aux guerres que les Ommiades d'Espagne firent aux chrétiens; et quoique la famille d'Ali eût été dépossédée de l'empire par les Ommiades en Orient, les Édrissites, oubliant tous les ressentiments, se signalèrent par un attachement constant pour les Ommiades d'Espagne, dans les luttes qu'ils soutinrent pour affranchir ce pays de la suzeraineté des khalifes de Bagdad.

Lorsque les Abbassides s'étaient fait reconnaître comme khalifes à la place des Ommiades, presque tous les membres de cette illustre et malheureuse famille avaient été massacrés. Un d'eux, Abd-er-Rahman, jeune enfant, fut soustrait à la rage de ses ennemis et conduit en Afrique par un serviteur fidèle, chez la puissante tribu des Zenata, qui habitait à quatre journées de marche à l'est de Tlemsen. Abd-er-Rahman se fit vite distinguer par les plus brillantes qualités ; sa renommée pénétra jusqu'en Espagne ; et lorsque les musulmans de ce pays, lassés de vivre dans l'anarchie, voulurent échapper à la dépendance des Abbassides et se donner un chef, ils députèrent vers Abd-er-Rahman pour lui offrir la couronne. Les Zenata lui firent les plus tendres adieux, et ce ne fut pas sans verser des larmes qu'il se sépara de ses fidèles amis. Cette courte digression était nécessaire pour expliquer la présence des Ommiades en Espagne, pendant que les Abbassides régnaient à Bagdad, et pour faire connaître la cause de la sympathie que les Berbères de l'ouest montrèrent leur des princes dont le chef avait été recueilli et élevé chez eux. Les Édrissites établirent le siège de leur empire à Fès, qu'ils dotèrent de nombreux collèges pour l'étude de la théologie et de la littérature arabes. Plusieurs princes de cette maison se signalèrent par leurs succès guerriers, par leur ascétisme et par une sage administration. Ils retinrent entre leurs mains la moitié du Maghreb jusqu'à l'an 296 de l'hégire (908 de J.C.), époque de l'avénement d'El-Mahdi , fondateur de la dynastie des Fathimites, qui les déposséda.

Du côté de Fès, les animosités et la rivalité des Berbères contre la race conquérante se réveillèrent. Une tribu des Zenata se révolta contre les Édrissites, et fonda un État indépendant, dont Méquinez fut la capitale. Une insurrection éclata aussi dans la province de Sous, et opéra un nouveau démembrement. Dans ces déchirements, qui contribuèrent en grande partie à précipiter la chute des Édrissites, la tribu des Beni Ifren, dont Abd-el-Kader, le plus redoutable ennemi de la France en Algérie, prétend tirer son origine, joua un rôle important. Les Beni Ifren fournirent plusieurs princes qui furent maîtres du pouvoir souverain pendant quelque temps dans une partie du Maghreb occidental. Cette tribu avait également marqué dans les dissensions intestines de l'Espagne, lorsque les khalifes de Bagdad étant encore en possession de ces contrées, chaque gouverneur rêvait l'indépendance.
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Mis en ligne le 02 septembre 2012

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