Les Pieds-Noirs
1962 L'EXODE
Les Pieds-Noirs
Entrée  - Introduction  -   Périodes-raisons  -   Qui étaient-ils?  -   Les composantes  - L'attente  -   Les conditions - Le départ  -  L'accueil  -  Et après ? - Les accords d'Evian - L'indemnisation - Girouettes  -  Motif ?  -  En savoir plus  -  Lu dans la presse  -  
ET APRES ?

" Rien n'est jamais acquis. Tout est bataille. On nous le fait bien voir. Nous sommes gênants. On nous efface. On a bâti une théorie du monde où nous n'avons pas de place. On nous verse dans le néant avec nos morts, nos espérances et nos souvenirs. " (Jean Brune)

Qu'il est loin mon pays qu'il est loin. Parfois au fond de moi se ranime... "Toulouse", Claude Nougaro

"J'expose au Général le spectacle de ces rapatriés hagards, de ces enfants dont les yeux reflètent encore l'épouvante des violences auquelles ils ont assisté, de ces vieilles personnes qui ont perdu leurs repères, de ces Harkis agglomérés sous des tentes, qui restent hébétés..."
" N'ESSAYEZ PAS DE M'APITOYER ! "
(PEYREFITTE, "C'était DE GAULLE"page 257)
Durant l'hiver 62-63 le nombre de décès par suicide est impressionnant.

Regroupés dans des locaux désaffectés ou des écoles, ils seront bientot dispersés aux six coins de l'hexagone.


Ils se " réinstalleront " tant bien que mal, en tentant d'oublier sans jamais y parvenir.

Reconstruire ailleurs, retrouver des conditions normales.

L'État construit les grands ensembles et donne le jour aux «ghettos» pieds-noirs. A Muret, près de Toulouse, à Sarcelles, à la Paillade près de Montpellier, à Schiltigheim près de Strasbourg, à la cité du Grand Parc à Bordeaux.
" La Duchère n'a pas été construite pour les rapatriés d'Algérie, même s'ils représentent 33% des ménages en 1965. Les accords d'Evian ont été signés le 18 mars 1962. Mais quand un million de rapatriés entre en métropole, La Duchère, qui est encore en chantier, a encore un potentiel de logements libres très importants. Louis Pradel réserve un tiers des logements aux rapatriés. Des liens solides existaient déjà entre Lyon et Oran, puisque les deux villes étaient jumelées. Le 14 juillet 1956 avait été scellé le "parrainage par la Ville de Lyon de la Ville d'Oran. "

http://www.bm-lyon.fr/decouvrir/collections/vermard4.htm

Rechercher sa famille, ses amis


File ininterrompue de "rapatriés" devant l'entrée du quotidien "Le Méridional" à Marseille

Se regrouper pour échanger nouvelles et informations

Se réunir pour se replonger dans l'atmosphère de "là-bas"

S'informer pour se reconstruire


http://www.tenes.info/galerie/EXODE/7_G

Entre 1962 et 1974, la réinstallation d'un Pieds-Noirs à couté trois à quatre fois moins cher que la reconversation d'un ouvrier des usines métallurgiques du Nord. J.J Jordi (historien)

D'autres ont préféré partir sous d'autres cieux.

Espagne 80000, Québec 12000, Argentine 6000, Israel 30000, mais aussi, Australie, Chili, Antilles, USA...


http://www.tenes.info/galerie/EXODE/7_G

La plupart des agriculteurs cherchaient à s'installer dans le Sud-Ouest et l'on vit, en quelques mois, le prix des propriétés tripler (voire quintupler) dans ces régions. Pour l'acquisition de terres, ils sollicitèrent des prêts du Crédit agricole, se groupant souvent pour acquérir des propriétés plus vastes car, en principe, le montant des prêts ne pouvait dépasser 200 000 francs par personne. Les commerçants et les professions libérales allaient rejoindre surtout les grandes villes: Paris, Marseille, Montpellier, Nice, et y trouvèrent des fonds, invendables la veille. Les petits salariés, employés, ouvriers gagnaient également les cités, surtout du Midi. Alors qu'aujourd'hui on parle tant de demandeurs d'emplois, il est remarquable de voir qu'à l'époque le nombre de rapatriés inscrits au chômage était pratiquement nul. C'était une démarche qu'ils ne connaissaient pas et chacun eut à cœur de se recaser au plus vite. Quant aux fonctionnaires, ce ne furent évidemment pas les premières places qui leur furent réservées.(HISTORIA Spécial N°1867 juin 1987)

Taudis, meublés, qu'importe...

" Nous l'avons résolu (le problème de l'Algérie) comme il fallait, conformément au génie de la France et à son intérêt. Je vous prends à témoin, en un an, un million de Français dans ce pays ont été rapatriés sans heurts, sans drame, sans douleur, et intégrés dans notre unité nationale " De Gaulle à Metz le 6 juin 1964

Les pieds-noirs, massivement, sont repartis de zéro en serrant les dents ont beaucoup travaillé, et réussi leur intégration économique. Ils ont encore accru le dynamisme de la France, engagée dans les 30 Glorieuses, surtout dans le Midi, où, pour des raisons géographiques évidentes, ils se sont installés très nombreux (120 000 dans les Bouches-du-Rhône ; un symbole : la ville de Carnoux-en-Provence).

http://migrations.besancon.fr/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=705

" Ils ont été absorbés comme par un papier buvard. Ça aurait pu être un fléau pour la France. Nous constatons qu'ils contribuèrent à l'expansion française " De Gaulle le 22 juillet 1964 à Peyrefitte

APRES...

Il y a ceux qui sont restés pour vivre chez eux encore un peu.

(Deux cents mille environ en 1963, ils ne seront plus qu'une quinzaine de mille en 1969, principalement des personnes agées.)

Elle avait grandi, comme toute sa race, dans le danger, et le danger pouvait lui serrer le coeur, elle l'endurait comme le reste. C'était lui qui ne pouvait endurer ce visage pincé d'agonisante qu'elle avait eu soudain. "Viens avec moi en France", lui dit-il, mais elle secouait la tête avec une tristesse résolue : Oh ! non, il fait froid là-bas. Maintenant je suis trop vieille. Je veux rester chez nous.Albert Camus. "Le premier homme"

Après, il y eut aussi le rejet odieux des HARKIS, musulmans fidèles à la France. Aprés avoir été abandonnés ou certaines fois renvoyés, et livrés désarmés pour une mort certaine, les rescapés peupleront les CAMPS DE LA HONTE que la patrie reconnaissante fit ériger "provisoirement" à leur intention et qui perdureront pendant trente ans !!

"Des Français ces gens-là ! Avec leurs turbans et leur djellabas"Ch de Gaulle d'aprés A Peyrefite


Harkis à l'arrivée à Marseille en juin 1962

JE NE VOUS ABANDONNERAI JAMAIS !
Charles de Gaulle au Bachagha Boualem

Les harkas ont été organisées dans les Aurès sous l’impulsion de Jean Servier et en accord avec le Général Parlange qui assure, à partir du 1er mai 1955, le commandement civil et militaire des zones sous état d’urgence. En avril 1956, le ministre résidant en Algérie Robert Lacoste fixe les règles de création et d’organisation des harkas « formations temporaires dont la mission est de participer aux opérations de maintien de l’ordre ».
http://monharki.com.over-blog.com/article-harkis-veut-dire-en-mouvement-44347844.html

Revenu aux affaires, le Président
De Gaulle félicite ce "magma" qui ne sert à rien.

Garde des sceaux dans le gouvernement Guy Mollet, François Mitterand rend visite aux Harkas.


Pierre Mesmer, ministre des armées du gouvernement De Gaulle, remet officiellement les armes aux supplétifs.

" les harkis veulent partir en masse. Il faut combattre une infiltration qui, sous prétexte de bienfaisance, aurait pour effet de nous faire accueillir des éléments indésirables ".
Louis Joxe - conseil des Ministres du 24 mai 1962

Déclarations officielles contradictoires et non appliquées.

16 sept. 59 « Ceux qui voudraient rester Français le resteraient. La France réaliserait leur regroupement et leur établissement. » Gal de Gaulle
23 oct. 59 « À quelles hécatombes condamnerions- nous ce pays si nous étions assez stupides et lâches pour l' abandonner! » Gal De Gaulle
19 févr. 61 « Quelles garanties seront données à tous, Français et Musulmans, qui pourraient être massacrés ? » G. Pompidou à M Boumendjel
21 févr. 62 « Nous avons le devoir de nous occuper aujourd'hui (des musulmans fidèles), nous devons nous en préoccuper demain. » Gal de Gaulle à Mad Sid Cara
11 avr. 62 « Les personnes engagées à nos côtés doivent, le cas échéant, obtenir assistance et protection. » L. Joxe
19 avr. 62 « Assurer en priorité le reclassement en Algérie du plus grand nombre de harkis, moghaznis et de personnes engagées. » L. Joxe
27 avr. 62 « Toutes les dispositions ont été prises pour qu'il n'y ait pas de représailles. » G. Pompidou
9 mai 62 « Le devoir de porter assistance à des personnes en danger s'impose à tout militaire (initiative). » G. Pompidou
21 juin 62 « L'intervention dite d'initiative ne devra être envisagée... que dans les cas de légitime défense ou d'attaque caractérisée. » Gal de Gaulle
4 juil. 62 « L'œuvre d'honneur et de justice que constituait le rapatriement des Musulmans menacés a été largement conçue, minutieusement conduite et intégralement réalisée. » Gal Buis au Colonel Schoemans
19 sept. 62 « Assurer le transfert en France des anciens supplétifs qui sont venus chercher refuge sous la menace des représailles de leurs compatriotes. » G. Pompidou Source : Guerre d'Algérie magazine (juillet/aout 2002)
La réalité des faits
3 avril 62 « En finir avec les auxiliaires, ce magma qui n'a servi à rien et dont il faut se débarrasser au plus vite. » Gal de Gaulle, au cours d’une séance au Comité des Affaires algériennes.

1962 Louis Joxe : " ne rapatrier que les personnes particulièrement menacées et ce en nombre tres limité... vérifier leurs aptitudes physiques et morales ainsi que leur volonté de s'établir en métropole "(!!??)

Le 12 mai 1962 Louis Joxe, interdit tout rapatriement en dehors du plan officiel, demande le renvoi en Algérie des Harkis, exige des sanctions contre les complices de ces entreprises (les rapatriements) et impose " d'éviter de donner la moindre publicité à cette mesure qui pourrait être mal interprétée ".

21 juin 1962 L'armée ne doit intervenir pour porter secours qu'en cas de légitime défense. Comité des affaires algériennes.

Le 19 juillet arrêt des rapatriements de Harkis. Pierre Mesmer

Il faut rendre hommage ici, aux officiers et sous officiers français qui sacrifièrent leur carrière et qui passèrent outre aux injonctions des politiques, pour rassembler embarquer et parfois installer en France des Harkis et leurs familles. Ils sauvèrent ainsi, des centaines de personnes promises à une mort affreuse...


http://www.tenes.info/galerie/EXODE/7_G

C’est dans des camps de tentes provisoires situés aux environs de Bône que les harkis et leur famille attendent leur départ de l’Algérie pour la France. Par petits groupes, les enfants posent devant l’objectif du photographe, rompant ainsi avec leur quotidien. Le jour du départ, les militaires français du 26e Régiment d’infanterie motorisée (RIM) aident les familles à se hisser dans des camions venus les chercher pour les rapatrier. Arrivés sur le port de Bône, les harkis patientent sur le quai avant d’embarquer au crépuscule sur le paquebot “Pumier”.
http://www.ecpad.fr/lembarquement-des-refugies-harkis-dans-le-port-de-bone

Le Bachagha Boualam

Une vie au service de la France.

Chef des Beni Boudouane, Capitaine de l'armée Française, commandeur de la Légion d'honneur, croix de guerre avec deux citations. Vice Président de l'Assemblée Nationale. Un fils mort pour la France. Dix sept parents très proches, quinze parents éloignés et plus de trois cents morts dans son douar. Il disposait, dans son domaine accroché aux flancs de l’Ouarsenis, sur la rive gauche du Chélif, de quinze cents harkis, mais son autorité morale s’étendait sur quinze mille hommes. En remerciement de ses bons et loyaux services, il sera "parqué" avec les siens au "mas Thibert" près d'Arles.


http://www.jeanpierrecrochet.fr/documents/depliantharki.pdf

Après, même nos morts n'auront pas de repos. Les cimetières non plus, ne seront pas épargnés.

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Mis en ligne le 10 sept 2010

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