1962 L'EXODE
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LES CONDITIONS DE L'EXODE
Il faut y ajouter 80 000 Français qui rentrent d'Algérie au cours de l'année 1963, et un peu plus de 30 000 en 1964. Les statistiques préfectorales ne prennent pas en compte les rapatriés arrivés avant le 1er janvier 1962. Il faudrait ajouter aux 651 265 rapatriés, 46000 Français musulmans, 150 000 personnes arrivées d'Algérie entre 1958 et 1961, et une vingtaine de milliers de personnes ayant refusé, pour diverses raisons, le statut de rapatriés. Etc… 1962 : l'arrivée des Pieds-Noirs - par Jean-Jacques Jordi - éd. Autrement 1995 L'obtention des documents, permettant la sortie du territoire ne fut pas une tache facile. Les tracasseries administratives amplifiaient l'humiliation, comme une punition supplémentaire. L’administration française encore présente, que représentait gendarmes et CRS, prenait souvent un malin plaisir à faire revenir plusieurs fois les postulants au départ pour un défaut de formulaire, puis pour une signature manquante, puis pour un tampon absent… Mercredi 27 juin 1962.- Quand on est écrasé dans un centre d'accueil depuis dix jours avec sa femme malade des nerfs et sa marmaille
criante et puante, à qui ne lécherait-on pas les bottes pour avoir n'importe quoi ? Le temps de la révolte est dépassé,
momentanément du moins.
Partir par tous les moyens
Communication d’Alain Peyrefitte, Ministre délégué chargé des rapatriés, lors du
conseil des ministres du 11 septembre 1962 : Pour ma première communication dans mes nouvelles fonctions, je donne au Conseil des chiffres complets qu’on n’osait pas jusqu’à présent avancer de peur d’accroître la panique. Je les ai précédemment montrés à Pompidou qui a approuvé mon intention de les révéler au gouvernement : on ne peut pas continuer à se bercer d’illusions. Il y avait en Algérie 1 020 000 civils européens au dernier recensement, le 1er juin 1960. Environ 160000 en était partis au 1er janvier 1962 et ne sont pas revenus ; il en restait donc 860 000 qui se sont réduits à 260 000 aujourd’hui. Il y a 760 repliés européens en métropole, auxquels s ’ajoutent 15 000 musulmans, auxquels il faudra sans doute ajouter des milliers de musulmans civils qui commencent depuis ces jours derniers à quitter précipitamment l’Algérie pour des raisons disent-ils de sécurité, ou plutôt me disent mes services, pour trouver en France un travail que l’Algérie ne leur offre pas. Ce qui va faire quelques 800 000 rapatriés d’Algérie, sans compter 400 000 rapatriés européens récents de Tunisie, du Maroc et d’Egypte. Hypothèse optimiste : les retours en Algérie, en cas d ’amélioration nette de la sécurité, feraient remonter la population européenne à 300 000 voire 350 000 personnes. Hypothèse raisonnablement pessimiste : les départs d’Algérie continuent. Il ne resterait plus à l ’entrée de l’hiver que 150 000 peut-être même 100 000 Européens décidés à rester en Algérie coûte que coûte. Suivant les cas, les rapatriés d’Algérie en Métropole seraient de l’ordre de 650 000 ou de 900 000. C’est au cours des semaines qui viennent que les rapatriés devraient s’organiser pour l ’hiver et décideront s’ils retournent ou s’ils restent. Source : Alain Peyrefitte, C’était De Gaule, Paris, Gallimard, 2002 (1ère édition : 1994)
A MEDITER Mis en ligne le 10 sept 2010
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