Les juifs dans la Régence d'Alger

Les Juifs, au rapport de M. Schaller (consul des U.S.A. sous le dernier dey, ndlr), étaient, en 1826, d’environ cinq mille. Ils jouissaient du libre exercice de leur religion.
Dans les affaires civiles, ils étaient gouvernés par leurs propres lois et soumis à un chef de leur nation nommé par le pacha. Comme sujets algériens, ils étaient libres d’aller et de s’établir là où ils voulaient et d’exercer toute espèce d’emploi légal dans l’État.

On ne pouvait pas les réduire à l’esclavage. Ils payaient une taxe par tête et un double impôt sur toutes les marchandises qu’ils importaient.
Comme dans tous les autres pays, ils se livraient à toute sorte de commerce, et étaient les seuls banquiers d’Alger.

On trouvait parmi eux beaucoup d’ouvriers pour les bijoux d’or et d’argent, et seuls ils étaient employés par le gouvernement à la fabrication des monnaies.
Outre les qualités légales dont ils étaient privés à Alger, les Juifs avaient encore à y souffrir d’une affreuse oppression : il leur était défendu d’opposer de la résistance quand ils étaient maltraités par un musulman, n’importe la nature de la violence. Ils étaient forcés de porter des vêtements noirs ou blancs ; ils n’avaient le droit ni de monter à cheval, ni de porter une arme quelconque, pas même de canne.

Les mercredis et les samedis seulement, ils pouvaient sortir de la ville, sans en demander la permission. Mais s’il y avait des travaux pénibles et inattendus à exécuter, c’est sur les Juifs qu’ils retombaient.
Dans l’été de 1815, le pays fut couvert de troupes immenses de sauterelles qui détruisaient la verdure sur leur passage. C’est alors que plusieurs centaines de Juifs reçurent ordre de protéger contre elles les jardins du pacha, et nuit et jour il leur fallut veiller et souffrir aussi longtemps que le pays eut à nourrir ces insectes.

Plusieurs fois, quand les janissaires se sont révoltés, les Juifs ont été pillés indistinctement, et ils étaient toujours tourmentés par la crainte de voir se renouveler de pareilles scènes.
Les enfants mêmes les poursuivaient dans les rues, et le cours de leur vie n’était qu’un mélange affreux de bassesse, d’oppression et d’outrages. Les descendants de Jacob ne répondaient à ces insultes que par une patience inconcevable. Dès leur enfance, ils s’instruisaient à cette patience et passaient leur vie à la pratiquer, sans même oser murmurer contre la rigueur de leur destinée.

Malgré le malheur d’une condition aussi décourageante, les juifs, qui, par leurs rapports avec les pays étrangers, étaient les seuls Algériens qui eussent une connaissance exacte des affaires du dehors, se mêlaient à toutes sortes d’intrigues qui compromettaient leur existence et, plus d’une fois, causaient leur mort. La place de chef de Juifs s’obtenait par l’argent et l’intrigue, et se conservait de même.

D’une source aussi impure découlaient naturellement l’oppression et la tyrannie. Dans les beaux jours de la régence, quelques maisons juives étaient parvenues, par le commerce, à une grande opulence ; mais, dans ces derniers temps, une oppression toujours active et toujours continue avait détruit entièrement la fortune de plusieurs d’entre eux. Quelques-uns trouvèrent le moyen de passer dans d’autres pays, tandis que les Maures, qui ont une grande aptitude pour le commerce, supplantaient chaque jour ceux qui ne s’étaient pas exilés. « Le nombre et la richesse des Juifs vont toujours s’affaiblissant, dit M. Schaller, et je crois qu’aujourd’hui les Juifs d'Alger sont peut-être les plus malheureux du peuple d'Israël, leur vie n'était qu'un mélange affreux de bassesse et d'outrages".» (c’était en 1826 qu’il s’exprimait ainsi).
Leurs moeurs, leurs coutumes, leur manière de vivre diffèrent si peu de celle des Algériens, qu’il ne vaut pas la peine d’en parler.

Seulement, on doit se rappeler ce que nous avons dit à l'instant même, les Juifs d'Alger sont une belle race d'hommes : ils sont forts ; mais l'état d'abjection où ils naissent, et qui les suit dans toute leur vie, a marqué leurs traits de son empreinte.
Ils vous offriront bien rarement quelque chose de distingué. Il existe chez ce peuple une pratique vraiment attendrissante, et dont il est difficile d'être témoin sans se sentir touché de respect et peut-être même de tendresse pour cette race miraculeuse.

Plusieurs Juifs, vieux et infirmes, sentant approcher le terme qui doit les rendre étrangers à toutes les choses de ce monde, meurent, pour ainsi dire, d'une mort civile, livrant à leurs héritiers tous leurs biens terrestres, et se réservant à peine les moyens de soutenir à Jérusalem les derniers instants de leur faible existence.
" En 1826, je vis, dit le même auteur, un assez grand nombre de ces anciens hébreux partir pour ce dernier pèlerinage terrestre, à bord d'un vaisseau qu'ils avaient loué et qui devait les transporter sur les côtes de Syrie. "
On suppose que le nombre de Juifs s'élève dans le royaume d'Alger à trente mille.
ARSÈNE BERTEUIL , ANCIEN PHARMACIEN EN CHEF DES HÔPITAUX MILITAIRES DE L'ARMÉE D'AFRIQUE - " L'ALGÉRIE FRANÇAISE p 42 à 44HISTOIRE - MOEURS - COUTUMES -INDUSTRIE - AGRICULTURE "
TOME PREMIER PARIS DENTU, LIBRAIRE-ÉDITEUR PALAIS-ROYAL, 15, GALERIE VITRÉE 1856

Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D'autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com


Des Juifs d’Alger

La troisième classe des habitants d’Alger, sont les Juifs dont il y a trois castes. Les uns viennent d’Espagne, d’autres des îles Baléares, beaucoup enfin sont natifs de la terre d’Afrique.

Tous vivent — comme c’est leur usage partout — de quelque genre de commerce ; la plupart ont des boutiques où ils débitent de la mercerie ou toute autres menues marchandises. Il en est cependant qui vendent les mêmes objets par les rues, portant au bras des corbeilles ou des boites et crient : Qui veut acheter ! D’autres sont tailleurs, bijoutiers en corail ou épiciers. Beaucoup aussi achètent les objets pillés par les corsaires et les revendent avec grand bénéfi ce aux marchands chrétiens. Il y en a qui voyagent avec des marchandises, et se rendent à Tunis, Djerba, Tripoli, Bône, Constantine, Oran, Tlemcen, Tétouan, Fez, et vont même jusqu’à Constantinople.

La plupart des orfèvres d’Alger sont juifs ; il y a aussi quelques renégats mais pas un seul Maure.
Ce sont les Juifs qui battent la monnaie d’or, d’argent et de cuivre, dont seuls ils ont la charge. Les fraudes et altérations qu’ils pratiquent dans cette industrie sont considérables.

Quelques maîtres enseignent aux enfants à lire l’hébreu, et à écrire l’arabe en caractères hébraïques ; mais aucun d’eux n’est instruit et tous sont grandement obstinés dans leurs cérémonies et rêveries judaïques, ainsi que je l’ai constaté en discutant souvent avec eux (1).

Les Juifs sont répartis en deux quartiers, contenant en tout 150 maisons. Dans chacun de ces quartiers il y a une synagogue où ils s’assemblent les samedis et célèbrent leurs fêtes très scrupuleusement, en chantant à haute voix des psaumes hébraïques. Beaucoup vont faire dans ces temples leurs prières tousles jours.

La congrégation toute entière paie au pacha un tribut annuel de 1 500 doblas lesquels font 600 écus d’or (2).
Mais en définitive on en tire bien davantage, car sur la moindre plainte, ou sous le plus léger prétexte, on les dépouille en leur faisant payer de fortes sommes. Les juifs répartissent entre eux l’impôt annuel, en faisant payer chacun suivant ses facultés. Toutes les fois qu’il s’agit de parler en leur nom, ou d’entrer en composition, ils ont un de leurs notables qu’ils élisent à cet effet, et dont le pacha confirme la nomination : ils l’appellent caciz (3).

Ces gens sont tenus par les musulmans en un tel état d’abjection qu’un enfant maure rencontrant un Juif, si considérable qu’il soit, lui fera ôter son bonnet, déchausser ses sandales, et avec celles-ci, lui donnera mille souffl ets sur le visage, sans que le Juif ose se défendre ou remuer, n’ayant d’autre ressource que de s’enfuir dès qu’il le peut. De même si un chrétien rencontre un Juif, il lui donnera mille gourmades, et si le Juif va pour frapper le chrétien, et qu’il soit vu par quelque Turc ou Maure, ceux-ci prennent aussitôt parti pour le chrétien, fûtce un vil esclave, et ils lui crient : Tue ce chien de juif ! Juste paiement et pénitence de leur grand péché et de leur obstination !...

Cette situation excite beaucoup de Juifs à se faire musulmans même parmi les plus riches. Cependant il n’en est pas un, quel que soit le nombre d’années écoulées depuis son apostasie, à qui il entre dans la tête d’être un bon musulman et de croire à la loi de Mahomet ; ils sont toujours aussi juifs de cette façon que de l’autre.

Le costume de tous les Juifs est identique. Ils ont des culottes de toile, une chemise et un pourpoint long comme une soutane et de couleur noire, et par-dessus ils revêtent un burnous noir, et quelquefois blanc. Les Juifs d’origine espagnole portent un bonnet rond de point de Tolède ; ceux de France ou d’Italie coiffent une espèce de bonnet en forme de chausse dont une extrémité leur tombe en arrière sur la nuque ; ceux qui sont nés en Afrique portent une calotte rouge avec une bande d’étoffe blanche enroulée autour, mais ils doivent pour se faire reconnaître laisser pendre leurs cheveux sur le front ; enfin ceux qui viennent de Constantinople sont coiffés comme les Turcs mais leur turban est jaune ; ils chaussent aussi quelquefois des bottes ou temmak noirs, car ils ne peuvent porter leur chaussure d’une autre couleur ; en général, ils ne portent que des pantoufles.

Tous, même les plus riches d’entre eux, vivent comme des misérables : ils ont beau se laver souvent, ils sentent toujours le bouc, eux et leurs demeures. Ils ont des boucheries particulières, attendu que par suite de leur superstition, et de leurs coutumes judaïques, ils ne mangent pas de la chair d’un animal tué par un Maure ou un chrétien, non plus de la même manière que tout le monde la mange.
Ils emploient beaucoup de captifs chrétiens qu’ils achètent et traitent assez bien ; mais sur ce dernier point les Juifs devenus musulmans sont pires que les Turcs et les Maures eux-mêmes. En effet, le Juif resté dans sa religion peut craindre s’il traite mal son esclave chrétien, que celui-ci aille se plaindre au pacha qui alors le confi sque, c’est ce que ne redoute pas le slami ou Juif renégat, parce que le pacha n’a plus le même droit. Il leur est donc loisible de satisfaire la haine qu’ils portent au chrétien, en leur double qualité de juif et de musulman, ce dont ils ne se font pas faute, par les mauvais traitements dont ils accablent leurs malheureux captifs.
DIEGO DE HAËDO, ANCIEN PHARMACIEN EN CHEF DES HÔPITAUX MILITAIRES DE L'ARMÉE D'AFRIQUE - " TOPOGRAPHIE ET HISTOIRE GÉNÉRALE D’ALGER " p 108 à 110
IMPRIMÉ À VALLADOLID EN 1612 Traduit de l’espagnol par : MM. le Dr. MONNEREAU et A. BERBRUGGER EN 1870

Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D'autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com

1. Cette assertion peut être fondée, mais Haëdo n’est jamais venu à Alger.
2. La dobla valait 1 fr. 65 c., et l’écu d’or 4 fr. 05 c. environ, ce qui fait à peu près 2,475 fr.
3. C’est le mot arabe Kessis par lequel en Égypte et en Syrie on désigne encore le chef supérieur de la religion chrétienne de chaque localité ; nous ne pensons pas que cette dénomination ait jamais été appliquée aux Juifs, et notamment à Alger, où nous nous sommes assuré qu’elle n’est connue que des Maltais qui l’emploient dans sa véritable acception.


Les juifs sont en très grand nombre à Alger. Il y en a, selon Grammaye des descendants de ceux qui se réfugièrent après la destruction de Jérusalem par Vespasien, ou qui abandonnèrent la Judée pendant les persécutions qu'ils eurent à essuyer de la part des romains, des persans, des sarrasins & des chrétiens. Mais la plus grand nombre vient de ceux qui on été chassés de l'Europe, de l'Italie en 1342, des Pays-Bas en 1350, de France en 1403, de l'Angleterre en 1422, & de l'Espagne en 1462. Chaque nation a ses tribus & ses synagogues.
Ils sont réputés maures, réduits dans une grande pauvreté, & dans la servitude, méprisés & maltraités de tous les autres peuples. Dans chaque ville, ils ont des juges de leur nation pour leurs affaires particulières & de peu de conséquence. Mais lorsque les parties ne sont pas contentes des décisions de leur juge, elles portent leurs causes devant la justice turque, qui décide souverainement & fait exécuter les jugements.
Le supplice ordinaire des juifs, lorsqu'ils sont condamnés à mort est le feu, pour mettre une différence entre les turcs, les maures & les chrétiens & eux, par un genre de châtiment particulier à la nation juive. Ils y sont condamnés sur le moindre préjugé ou soupçon, qu'ils ont agi contre l'intérêt du gouvernement. Ils sont aussi brûlés, lorsqu'ils sont jugés avoir fait une banqueroute frauduleuse, qui est regardée telle lorsqu'ils ont négocié par spéculation, & entrepris au-delà de leurs forces, & qu'ils se trouvent hors d'état de payer entièrement leurs créanciers, lorsqu'ils sont mahométans surtout ; car lorsqu'ils sont juifs, on laisse l'accommodement à leurs rabbins ou juges.
Ils sont obligés d'être habillés de noir depuis les pieds jusqu'à la tête, pour les distinguer par une couleur des turcs méprisent. Ils portent une robe longue à mi-jambe & un turban noir, ou tout au plus autour de leur bonnet noir un turban d'une couleur obscure rayée.
C'est un usage de ne recevoir aucun juif dans la religion mahométane, qu'il ne soit chrétien, pour suivre l'ordre des religions. Mais on passe à présent légèrement là-dessus, car il suffit qu'ils aient mangé publiquement de la chair de cochon ou de sanglier, ou fait quelque acte semblable, pour être réputés chrétiens.
Ils ne peuvent sortir du royaume qu'ils n'aient donné caution pécuniaire de leur retour, aucun ne voulant courir le risque d'être brûlé sur la foi d'autrui.

Il y a dans toutes les villes du royaume d'Alger des juifs d'Italie, qu'on appelle juifs francs, & particulièrement ceux de Livourne. Ils font le principal commerce de ce royaume, tant en marchandises que pour le rachat des esclaves, où ils font valoir leur industrie ou leur friponnerie, comme il sera dit en parlant du rachat des esclaves. Ceux-là sont libres & considérés comme marchands étrangers, sujets des princes des lieux d'où ils sont originaires, ou des villes où ils ont été domiciliés. Ils peuvent s'en aller quand ils veulent, pourvu qu'ils ne laissent aucune dette, de même que les autres étrangers turcs, maures & chrétiens. Ce sont les juifs de Livourne qui ordinairement, de société avec les principaux juifs de la ville d'Alger, prennent les fermes de l'huile, de la cire & autres semblables, où ils font des profits considérables. Les mahométans regardent les fermiers & les traitent, comme autrefois on regardait les publicains, & ne veulent point entrer dans ces sortes d'affaires.
Ces juifs étrangers se mettent en arrivant sous la protection du consul de France ; & lorsqu'ils ont quelques choses à démêler avec les français entre eux, ils portent leur cause devant le consul.
Ses jugements sont exécutés, & on lui renvoie les parties lorsqu'elles s'adressent à la justice turque ; le consul de France y étant le protecteur & le juge de toutes les nations étrangères qui n'y ont point de consul. Mais il dépend de ces étrangers d'aller en premier lieu devant le dey, qui selon les cas en décide, ou les renvoie au consul pour en décider.
Les juifs maures ont un quartier assigné pour leur demeure, & il ne leur est pas permis de se mêler parmi les mahométans, comme il est libre aux autres nations. Mais les juifs européens peuvent se loger où ils veulent : aussi se distinguent-ils des autres, & ne demeurent-ils jamais dans leur quartier. Il leur est aussi permis d'aller habillés à leur manière, & on les nomme ordinairement les juifs francs. Le peuple les appelle communément les juifs chrétiens, à cause de la conformité de leurs habits.
Les femmes juives vont habillées comme les femmes maures des villes, & aussi proprement qu'elles veulent. Mais elles doivent aller à visage découvert pour les distinguer des mahométanes, dont on ne voit que les yeux comme il sera expliqué dans la suite.

LAUGIER DE TASSY, Commissaire de la Marine pour SA MAJESTÉ TRÈS CHRÉTIENNE, En Hollande. A AMSTERDAM, Chez HENRI DU SAUZET- HISTOIRE DU ROYAUME D'ALGER p 88 à 91

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Tout en bas de l'échelle sociale il y a les Juifs. Arrivés au Maghreb avant les Arabes (586 après JC), ils parlent hébreu, langue abandonnée par les Juifs de Palestine qui ont eux, adopté l'Araméen.
Ils lièrent des liens solides avec les tribus berbères. C'est une femme juive, la Kahena, qui fut l'âme de la résistance contre les envahisseurs arabes.
Pendant de nombreux siècles, Juifs et Arabes vont vivre en paix et collaborer à la réussite d'une des plus belles civilisations de la planète. Alliés aux Arabo-Berbères et vont créer dans tout le Maghreb des centres importants à Tlemcen, Oran, Mostaganem, Miliana, Ténès, Constantine, puis Alger. Leur situation se détériorera bien vite.
Les Turcs toléraient la communauté juive mais lui imposaient des contraintes humiliantes.
"La Régence les laisse traiter par le peuple comme les plus vils des animaux." (Renaudot) On les humilie dans les grandes comme dans les petites choses : ils doivent se vêtir uniquement de noir, leurs babouches ne peuvent être portées que l'arrière rabattu. Cent ans plus tard, marcher sur le contrefort de sa chaussure s'appellera encore " marcher à la juive ".
Ils sont souvent maltraités, brimés, agressés sans pouvoir faire valoir leur bon droit. Souvent battus, volés, ses femmes et ses fille violées par les janissaires turcs qui avaient une sorte de droit de cuissage sur les femmes juives.
A part les juifs " francs ", qui battaient la monnaie et occupaient les fonctions de conseillers financiers, le reste de la communauté vivait dans la peur. Les familles s'entassaient dans des chambres exiguës situées dans des quartiers réservés. Ils ne pouvaient, sans autorisation spéciale, sortir d'Alger que les mercredis et les samedis. Les lieux fréquentés par les musulmans leur étaient interdits, et ils risquaient la mort pour blasphème réel ou imputé.

Pierre Laffont - "Histoire de la France en Algérie", éditions Plon


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Mis en ligne le 14 juillet 2012

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