La journée du 13 mai 1958

11h : Le comité des sept (Martel, son adjoint Crepin, Ortiz, cafetier populaire, authentique représentant du petit peuple, Docteur Lefèvre, corporatiste, Maître Baille et Goutailler, poujadistes, enfin Lagaillarde, officier de réserve, président de l'association des étudiants) se réunit à l'Association des Etudiants.

13h : Grève générale à Alger.

14h 30 : La foule converge vers le monument aux morts au plateau des Glières.
A l'occasion de la manifestation organisée au monument au mort à la mémoire des trois soldats français abattus par l'ALN, les algérois s'emparent du Gouvernement général (G.G), siège du Ministère de l'Algérie.

15H 00 : le centre culturel américain est saccagé par les premiers manifestants (les Etats Unis pressaient la France de négocier avec les rebelles).
À Paris, après plusieurs semaines de crise ministérielle Pierre Pflimlin (MRP) se présente devant l'Assemblée nationale pour obtenir son investiture. Ce dernier n'ayant pas caché sa volonté de trouver une solution négociée, sa nomination suscite l'inquiétude et la colère des Français d'Algérie.

16h : 100.000 personnes sont rassemblées au plateau des Glières.

17H 00 : rassemblement des manifestants devant le monument aux morts.

18 heures : Salan et les autres généraux se frayent un passage dans la foule qui crie "l'armée au pouvoir" et déposent une gerbe au monument aux morts devant plus de 100 000 personnes. (SALAN, JOUHAUD, ALLARD, MASSU, l'amiral AUBOYNEAU, le préfet d'Alger Serge BARRET,...). Robert LACOSTE, gouverneur de l'Algérie, est absent, rentré en métropole.
Alors que les conjurés gaullistes avaient prévu que Pflimlin non investi, une crise politique s'ouvrirait qui ouvrirait un boulevard légal à De gaulle, les activistes d'Alger (le comité des sept), ont lancé la manifestation, prévu le sac du gouvernement général, ils attendent le général Cherrière, convoqué, qui ne vient pas.

A Paris une manifestation organisée par les anciens combattants (le CANAC de Gignac, en liaison avec les sept d'Alger) échoue à investir l'assemblée et se retrouve sous les fenêtres de l'ambassade des Etats Unis. Le comité de Salut Public d'Alger réclame la démission du gouvernement et l'arrivée au pouvoir de De gaulle.

18H30 : à l'initiative de Lagaillarde, les manifestants prennent d'assaut le Gouvernement Général (GG) après une courte échauffourée.
Lagaillarde, juché sur le monument lance l'assaut du bâtiment, un GMC arrache les grilles d'entrée, le bâtiment est envahi, les dossiers et les machines à écrire volent par les fenêtres.

18h45 : le Ministère de l'Algérie est occupé puis saccagé. Les dossiers passent par les fenêtres.

19H 00 : le GG est aux mains des insurgés.
Le secrétaire général, du GG, demande par téléphone à Robert Lacoste : " C'est l'émeute, monsieur le Ministre. Faut-il tirer ?
" Non pas question " hurle Lacoste dans le tel.

19h 35 : SALAN, ALLARD, MASSU arrivent au "GG" et tempèrent l'effervescence. Une réunion est improvisée dans le bureau de Mr MAISONNEUVE, adjoint de Robert LACOSTE. Les "insurgés" Lagaillarde et ses étudiants insistent pour la création d'un comité de salut public avec Massu à sa tête.
Massu consulte Salan, Salan lui déclare " allez-y, je vous couvre ". Le général Jacques Massu en prend la présidence. Massu s'enferme dans un bureau pour établir la liste des membres, il n'y a que la garde rapprochée de Lagaillarde, celle de Martel, pas un gaulliste. Massu ajoute trois militaires (Thomazo, Trinquier et Ducasse).

Paul Moreau, Perron, Armand, Lagaillarde, Gabriel Montigny, Baudier, Parachini, Martel, le Docteur Lefebvre, Joseph Jolivet, Arnould (qui avait assuré les transports rapides de Delbecque entre Paris et Alger, juste avant le 13) et le Cheikh Mohamed Tayeb, le commandant Mahdi, Madani et Berkani.

20h 45 : Massu annonce à la foule la création du CSP. Il lit à la foule le télégramme envoyé au Président René COTY :

" Vous rendons compte de la création d'un Comité de Salut Public civil et militaire à ALGER, présidé par le général MASSU, en raison de la gravité de la situation, de la nécessité de maintenir l'ordre et d'éviter toute effusion de sang. Nous attendons la constitution d'un gouvernement de Salut Public, seul capable de sauver l'Algérie, partie intégrante de la France.".
Il n'ya dans ce texte, ni volonté de sécession, ni refus d'obéissance aux autorités constituées.
Massu fait suivre la lecture de son texte d'un appel au calme.
Les députés, qui n'apprécient pas cette intrusion, investissent comme prévu Pierre Pflimlin. C'est la rupture avec Alger.
La première mesure arrêtée par le CSP est la prise de possession de la Radio Télévision Française en Algérie. L'occupation des studios est effectuée par quelques membres du accompagnés d'une compagnie de parachutistes.
Il s'agit aussi d'impressionner l'Assemblée afin d'éviter l'investiture de Pierre Pflimlin et, pour certains, de favoriser le retour au pouvoir du général de Gaulle, seul capable selon eux, de garder l'Algérie française.
Pendant ces évènements à Alger, des manifestations se déroulaient dans la plupart des villes et villages d'Algérie

20h50 : Salan appelle Ely, le chef d'état major des armées, lui rend compte, et demande au nom de la population algéroise, la constitution d'un gouvernement de Salut Public. Ely annonce l'arrivée du général Petit, un des comploteurs gaullistes, avec Soustelle. Petit viendra bien mais pas Soustelle, qui a préféré aux rumeurs du forum les intrigues de l'assemblée nationale. Salan confirme sa conversation avec Ely par le message suivant:

" Comme suite à ma communication téléphonique et devant troubles graves qui menacent l'unité nationale en Algérie et qui ne peuvent être arrêtés sans risquer de faire couler le sang, les autorités militaires responsables estiment impérieuse nécessité de faire appel à un arbitre national afin de constituer un gouvernement de salut public en vue de rassurer l'opinion algérienne. Un appel au calme de cette haute autorité, affirmant volonté formelle de conserver l'Algérie française, est seul capable rétablir situation. J'insiste sur le fait que gravité de la situation implique décision immédiate dès cette nuit si possible. Je vous demande de porter ce télégramme de toute urgence à la connaissance de Monsieur le président de la République, du président du Conseil de Monsieur Lacoste, des présidents des Assemblées, de Monsieur Monteil président de la commission de la défense nationale. Signé général Salan. "

21h : Débarquent enfin les comploteurs gaullistes d'Alger, Delbecque et Neuwirth, furieux d'avoir été devancés par Lagaillarde, Martel et autres " activistes ".

A Paris, Felix Gaillard, président du conseil (démissionnaire depuis le 15 avril), chargé des affaires courantes, réunit le gouvernement et envoie à Salan un télégramme codé :
" Le général Salan est habilité à prendre toutes mesures pour la protection des biens et des personnes, jusqu'à nouvel ordre ".
L'armée est revenue en gros dans la légalité. Le Général Salan assume les pouvoirs civils et militaires en Algérie.

23H 45 : Le général Massu lit devant 30 000 personnes le texte du CSP qui fait appel au général de Gaulle.

Minuit : Félix Gaillard réunit à Paris un Conseil interministériel qui se tient en contact avec Pflimlin, le chef du gouvernement en formation qui attend à l'assemblée son investiture.
Le gouvernement moribond coupe les communications téléphoniques et télégraphiques avec l'Afrique du Nord.
Il interdit les départs d'avion pour Alger et fait dérouter les navires se dirigeant vers les ports algériens.

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Mis en ligne le 17 avril 2014

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