Bref rappel

Loin des vaines polémiques crées par le film "Indigènes", le film de Rachid Bouchareb sorti en 2006 qui montrent que l'armée d'Afrique n'était constitué que de régiments musulmans, il est important d'examiner les chiffres réels. On pourra s'apercevoir que le cinéma n'est pas l'histoire. Le poncif qui consiste à rabâcher que seuls les " indigènes " étaient utilisés comme chair à canon pour la défense de la France ne résiste pas à l'épreuve des faits. Les pertes énumérées ci-dessous montrent que si elles furent considérables, elles sont, en données brutes sensiblement égales quelles que soit l'origine des combattants. Et, si l'on se penche sur les pourcentages, on pourra découvrir que les européens d'Afrique du Nord, systématiquement oubliés lors des commémorations, ont payé un lourd tribut à la nation, sans jamais être honoré pour le sang versé.

En novembre 1942, quand l'Afrique du Nord fait son retour dans la guerre, elle dispose de 225 000 hommes, dont 6700 officiers. Par comparaison, les FFL comptent alors au total environ 50 000 hommes, en majorité indigènes, dont 1 700 officiers. L'armée d'Afrique qui a été reconstituée et secrètement renforcée par le général Weygand est jetée, dès le 19 novembre contre l' Afrikakorps dans la bataille qui fait rage en Tunisie. C'est elle qui fournit l'essentiel des troupes placées sous le commandement du général Giraud assisté de Juin. De la passe de Faïd où les Français résistent héroïquement à une attaque allemande de chars «Tigre », de 52 tonnes, jusqu'à la victoire française de Médenine et à la capitulation allemande du 12 mai 1943 (Le 12 mai 1943, Les forces de l'Axe capitulent en Afrique du nord ; La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01, au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims à 2h45, Ndlr), les troupes françaises de l'armée d'Afrique jouent le rôle principal. Ce n'est pas là un mince exploit, mais, pour des raisons politiques évidentes (cette armée est réputée « pétainiste »), ce fait d'armes a laissé peu de traces dans les livres d'histoire. Et pourtant, c'est devant ces Français-là que la redoutable Afrikakorps met bas les armes, que plus de 200 000 soldats ennemis capitulent en rase campagne. Un désastre comparable à celui de Stalingrad. Sous les ordres des généraux Juin, Guillaume, de Lattre, Monsabert, cette armée d’Afrique progressivement équipée et armée par les Américains, continuera à se couvrir de gloire en Italie, en Corse, lors du débarquement de Provence et dans tous les combats de la Libération jusqu'en Allemagne. C'est l'occasion de souligner l'effort exceptionnel fourni par les Français de souche européenne (pieds-noirs) dans ces combats. Sur 1 076 000 Français de souche européenne, 176500 hommes ont été mobilisés de 1943 à 1945, soit 16,4 % de la population, une proportion fort supérieure à celle de la métropole en 1918, considérée pourtant comme exceptionnelle. La France, alors captive et muette, pour qui luttaient et mouraient ces volontaires ardents et purs semble les avoir oubliés.
DOMINIQUE VENNER « Histoire critique de la Résistance »Pygmalion/Gérard Watelet, 1995

Contribution de l'armée d'Afrique aux deux guerres mondiales.

1914/1918
Européens d'Afrique du Nord : 155 000, 22 000 morts, soit 14,2%

Musulmans : (volontaires jusqu'en 1917), 176 000, 25 000 morts, soit 14,2%

Au cours de cette grande boucherie, 8 millions de soldats métropolitains sont mobilisés sous le drapeau tricolore. 1,6 million est tué ou disparu au combat. Soit 20% de pertes. Il ne faut pas oublier pour autant les Africains au nombre de 180.000 dont 25.000 tués ou disparus soit 13,8%, les 41.000 Malgaches dont 2.500 tués ou disparus soit 6%, et les 49.000 Indochinois dont les pertes d'élèvent à 1.600 soit 3,5%. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/2-guerres-mondiales-pour-la-78044

1943/1945
sur environ 500 000 combattants

Européens d'Afrique du Nord :

176 500 (dont 120 000 pour la seule Algérie), soit 16,4 % de la population, 14 000 tués, soit 7,9 %

Musulmans :
- Algérie 134 000 (1,5 % de la population)
- Maroc 73 000 (1,20%)
- Tunisie 26 000 (1,08%)
Total : 233 000 combattants, dont 11193 tués, soit 4,8 %.

Nota : Il y eut également une centaine de milliers de tirailleurs d'Afrique noire : tués, environ 5 %

... les colonies ont payé l'impôt du sang versé. Sauf qu'en réalité les troupes coloniales, pendant la Première Guerre mondiale, n'ont représenté au mieux que 7 % de l'armée française.
Ont-elles servi de chair à canon ? Le film Indigènes a réactivé ce mythe. En fait, le taux de mortalité moyen dans l'armée française était de 16,5 % ; celui des troupes coloniales de 13,4 %. Les plus meurtris ont été les soldats marocains (26,6 % - un taux comparable aux combattants bretons).
Au printemps 1940, si on enregistre une surmortalité des soldats africains, elle est le fait des massacres de masse commis par les Allemands. Au total, les soldats des colonies ne joueront un rôle majeur qu'en 1943-1944 avec l'armée d'Afrique en Italie et en Provence...

Daniel Lefeuvre (PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL DEMETZ - extrait)

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Mis en ligne le 10 sept 2010 ; modifié le 29 mai 2011

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