La " Charte du rapatrié "

Elle permettra aux Français d'Algérie rentrant en métropole de s'intégrer dans la vie de la nation. Paris. " Vingt-cinq mille chefs de famille à qui il faudra trouver des appartements, un emploi, qu'il faudra aider à se reclasser, ce n'est pas une mince affaire. L'économie française a les moyens de réaliser ce plan, encore faut-il que tout soit prêt pour les recevoir. " Cette déclaration a été faite par M.Boulin, secrétaire d'Etat aux rapatriés, dans une interview accordée au quotidien parisien " Paris Jour ". Avant d'exposer en quoi consiste la " charte du rapatrié ", M.Boulin a précisé :

" Quelles que soient les garanties qui seront offertes aux Français d'Algérie, dans le cadre d'un accord Franco-FLN, on peut estimer qu'un certain nombre d'Européens choisiront de regagner la métropole. Les prévisions gouvernementales sont fondées sur l'estimation qu'au cours de chacune des quatre prochaines années, 25.000 familles françaises, vivant outre-méditerranée - soit environ 100.000 personnes - préfèreront revenir en France plutôt que de vivre dans une Algérie musulmane ".

Comment cette charte du rapatrié permettra-t-elle aux Français d'Algérie rentrant en métropole de s'intégrer dans la vie économique de la Nation ? Les textes qui seront rendus publics le 15 février et les décrets d'application qui seront pris avant le 15 mars prévoient quatre séries de prestations qui seront versées aux rapatriés :

1/ Les prestations de retour (gratuité totale du transport, indemnité forfaitaire de déménagement, prestation d'hébergement, indemnité de départ).
2/ Les prestations de subsistance qui seront versées aux chefs de famille jusqu'à ce qu'ils aient retrouvé un emploi.
3/ Les prestations de reclassement qui faciliteront notamment aux anciens commerçants la possibilité de rachat d'un fonds.
4/ Les prestations sociales qui seront versées aux personnes âgées et aux handicapés physiques.

En outre, le Secrétaire d'Etat aux rapatriés a mis au point un plan pour réintégrer les Français d'Algérie dans la Communauté nationale, non seulement d'un point de vue matériel, mais aussi du point de vue psychologique. Il s'agit du problème de l'accueil des rapatriés : au lieu de centres d'hébergement, des camps de transit où le séjour sera abrégé au maximum ensuite six centres régionaux d'orientation vont fonctionner à Marseille, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Lille et Paris.
Animés par des délégués du Ministre ces centres seront chargés de trouver un logement à chaque chef de famille.
Lu dans LE JOURNAL D'ALGER du 9 février 1962

Déclaration de bonnes intentions théoriques. Mais la réalité fut tout autre...

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Mis en ligne le 15 avril 2011