A fonds perdus
L'Algérie alors possession française, était qualifiée de boulet par le premier président de la Ve république.
Il fallait s'en débarrasser à tout prix car "elle nous coûtait plus que ce qu'elle nous rapportait". Comme si le critère de conservation des territoires français se résumait simplement à une histoire de gros sous. S'est-on seulement demandé un jour, si la Bretagne, la Corse ou le Pays Basque par exemple, présentaient un solde positif qui justifiait ou non le motif de leur maintien dans le giron national ?
Mais, à "tout prix", fut exactement l'expression appropriée.
Témoin ce bilan de 1963 concernant la participation du contribuable français à l'essor de la nation nouvelle qui l'avait congédié en refusant un quelconque partenariat.
Malheureusement ces largesses ne se limitèrent pas aux premières années de l'indépendance. Ce fut une habitude qui se transforma au fil des ans en un impératif naturellement accepté, voire exigé.

L'Algérie ne nous rapporte désormais plus rien mais nous coûte plus cher. Voilà bien un singulier résultat qui prouve que les prétextes les plus mensongers peuvent justifier les plus viles ambitions.

Ressources budgétaires de l'Algérie
Le budget d'équipement de l'Algérie pour 1963, vient d'être déposé sur le bureau de l'Assemblée Nationale algérienne.
Son examen fait ressortir comme suit les ressources des recettes.

Ressources en Millions de Francs.
- Aide de la France pour 1963 : 950
- Aide de la France pour 1962 (report de crédits) : 250
- Aide de la France pour le financement d'H.L.M : 200
- Aide de l'O.C.R.S (Organisation commune des régions sahariennes) : 49
- Redevances pétrolières : 220
- Prêts divers : 132
- Aide du Koweït : 270
- Aide la République fédérale d'Allemagne : 60
- Aide de la Yougoslavie : 50
- Aide de la République Arabe Unie : 40
- Aide du Fond Européen de Développement : 100
- Total 2321

Source : "Le cri du rapatrié" N°54, avril 1963
La participation financière de la France s'élevait à 1449 Millions de Francs de 1963(1), soit plus de 62 % de l'ensemble des ressources attribuées.
De toute évidence, la France n'avait pas pu, en 1963, obtenir l'indépendance de l'Algérie.
Aujourd'hui non plus d'ailleurs...

C'est tout de même choquant, le montant de cette aide accordée alors que les rapatriés attendaient une aide qui leur est encore due.

Le cynisme est encore plus criant concernant l'aide aux H.L.M., alors que les harkis étaient parqués dans des baraquements et que les Pieds-Noirs logeaient dans des taudis et se faisaient escroquer par des loueurs indélicats.

(1) A notre connaissance, ce serait plus de 1800 millions de francs d'aides directes françaises, soit plus de 75%. En effet, il y a 100 millions du Fond de Développement Européen et la participation française au budget européen était en 1963 de 30% environ.

Paru dans l'Echo des Français d'AFN le 23/03/2005

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Mis en ligne le 09 mai 2011

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