Audition de M. Jacques AUBERT
Ancien Directeur du cabinet de M. Roger FREY. ministre de l'Intérieur Ancien Secrétaire général pour la police au Ministère de l'Intérieur

(Extrait du procès verbal de la séance du lundi 15 février 1982)
Voici un proche collaborateur du Ministre de l'intérieur, qui ne sait rien.


Présidence de M. Alain Hautecœur, président
M. le Président lui rappelle que les dispositions législatives relatives aux commissions d'enquête lui ont été communiquées, A l'invitation du Président, M, Jacques AUBERT prête serment de dire toute la vérité, rien que la vérité,
"M. le Président : Pour éclairer mes collègues de la Commission, je rappelle les postes que vous avez occupés jusqu'en 1969 : conseiller technique au Cabinet du Préfet de Police en 1958; directeur de la Sûreté nationale en Algérie en I960 et 1961; Préfet du Loir-et-Cher en 1961; directeur général de la Sûreté nationale en février 1962; directeur du Cabinet de M, Frey, ministre de l'Intérieur de 1962 à 1966; secrétaire général pour la Police au ministère de l'Intérieur de 1967 à 1969, Vous avez donc occupé des postes de responsabilité à plusieurs époques importantes de la vie du SAC: celle de la lutte contre l'O.A,S.. celle où M. Frey était ministre de l'intérieur et celle qui a précédé et suivi les événements de mai 1968 - et pendant laquelle le SAC a connu une expansion extraordinaire et recruté " tous azimuts ", Quand vous étiez en Algérie, étiez-vous avec M. Jean Morin, délégué général en Algérie ?

M. Jacques AUBERT : Non. J'avais déjà été secrétaire général de l'Est constantinois de 1954 à 1958. puis j'étais revenu en France et devenu conseiller technique au Cabinet de M, Papon qui avait été mon Préfet de région à Constantine J'y suis resté quelques mois puis j'ai été renvoyé à Alger le samedi qui a suivi la semaine des barricades J'y ai donc vécu la période de I'OAS. .../…

M. le Président : …Avez-vous vécu la période où les" barbouzes ", ou plus précisément le M.P.C., se sont implantés en Algérie ?

M. Jacques AUBERT: Non Ils y sont arrivés quand justement j'en repartais. C'est la mission Michel Hacq, si mes souvenirs sont exacts ?

M. le Président: Il y a eu le M.P.C. de M. Bitterlin d'une part et, d'autre part, la mission de M Michel Hacq, qui était constituée de 200 inspecteurs et commissaires triés sur le volet; le Gouvernement, en effet, ne semblait pas alors très sûr de sa propre police.

M. Jacques AUBERT : J'ai été envoyé en Algérie après la semaine des barricades, précisément pour reprendre en main des services qui semblaient avoir quelque faiblesse pour les mouvements activistes. Ma tâche officielle était de ramener au service de l'État une administration qui avait des" flottements" et il faut reconnaître que, grâce à un nombre de mutations considérable parmi les principaux responsables, la Police a tenu à peu près convenablement et n'a pas fait cause commune au moment du putsch avec le quarteron de généraux dont il a été si souvent parlé. C'est un fait. Donc - je reprends - à la suite de la semaine des barricades, Paul Delouvrier étant délégué général jusqu'à un ou deux mois avant le putsch, j'ai accompli cette mission, à peu près convenablement, je crois. Le putsch ayant échoué, j'ai été rétabli dans mes fonctions car les putschistes m'avaient. bien entendu, envoyé en résidence surveillée, dans les confins sahariens - puis je suis revenu en France quelques mois après - en octobre ou décembre - sur ma demande. La mission spéciale que j'ai connue, et dont le chef s'est présenté à moi à son arrivée. s'est donc installée au moment même où j'ai été rappelé en France pour devenir Préfet du Loir-et-Cher: c'était la mission Michel Hacq.

M. le Président : Pouvez-vous donner des précisions sur la mission Hacq ?

M. Jacques AUBERT : Non !

M. le Président : Avez-vous connu M. Bitterlin ?

M. Jacques AUBERT : Non !

M. le Rapporteur : Quel rôle M. Lemarchand a-t-il joué pendant que vous étiez en Algérie

M. Jacques AUBERT : M Lemarchand était avocat, je crois à ce moment-là. J'en ai entendu parler à propos de l'affaire Ben Barka, pas avant.

M. le Rapporteur : Il y avait bien des " barbouzes" en Algérie quand vous y étiez ?
M. Jacques AUBERT: Vous le dites. Je n'en sais rien. Je sais ce qui en a été dit. Mon travail n'était pas de les surveiller s'il y en avait. mais d'essayer de maintenir l'ordre dans le service public de la police.

M. le Rapporteur : Ne vous mettez pas en colère Je vous pose des questions au nom de la Commission ; répondez tranquillement. Nous verrons ensuite à confronter les déclarations des uns et des autres Je veux éclairer la lanterne de la Commission et de l'Assemblée Nationale. M. Lemarchand n'était pas seulement connu comme avocat et il n'a pas seulement été mêlé à l'affaire Ben Barka - à une époque où, selon la rumeur publique, vous étiez. l'homme au parfum" - mais passons ; je vous demande si, pour les années 1960,1961 et 1962, étant donné les fonctions qui étaient les vôtres en Algérie puis en France, vous pouvez me donner des précisions sur le rôle de M. Lemarchand.

M. Jacques AUBERT: Non. Je n'en sais rien. En outre, c'est pour moi une question de principe ; j'ai un certain sens de ce qu'est le service de l'État et je n'ai jamais fait appel à des services parallèles. J'ai ceux-ci en horreur quels qu'ils soient..."

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Mis en ligne le 15 Juin 2005
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