Il est vraisemblable que certains lecteurs considèreront cette page comme inutile, voire hors sujet. Pourtant, la situation dans le temps, des différentes périodes de notre vie, est souvent marquée par des airs de chansons populaires.
Pour les jeunes surtout, qui ont parfois des souvenirs imprécis, quelques notes d'une rengaine peuvent faire remonter des vagues de souvenirs et faire revivre des instants oubliés.
Les "sixties" virent éclore une multitude de "vedettes" éphémères aux chansonnettes perdues à jamais ainsi que des artistes qui connaitront une célébrité qui perdurera pendant des décennies.
Dans ce déluge de rythmes nouveaux propagés par le dieu "Transistor" (du nom du composant électronique qui équipait ces postes portatifs), certaines chansons sont restées à jamais gravées dans la mémoire collective. Les heureux possesseurs de cet appareil révolutionnaire qui permit pour la première fois de transporter la musique n'importe où, frimaient avec l'air de ceux qui ont un train d'avance. Ils le trimballaient partout !
Le conflit des générations prit un tour tout à fait inédit. Les jeunes s'émancipaient grâce à la musique. Cette révolution commencée dans le milieu des années 50 se poursuivra jusqu'à la fin des années 70. Il fallait le temps d'une génération pour que la société intègre ce nouveau mode de vie qui est entré dans la banalité aujourd'hui. Les "teenagers" pensaient qu'ils pulvériseraient l'ancien monde, celui de leurs parents. Une vague d'espoir régnait alors. Seul l'échec du "Flower Power" de la fin des années 60 fera redescendre sur terre les idéalistes les plus flamboyants. A leur tour, ils prendront les commandes de cette société qu'ils détestaient tant, et deviendront des vieux réacs pour leurs enfants.

Tous, cependant se ruaient vers les bars ou trônaient le Juke box (1) majestueux au son incomparable, qui clignotait de tous ses feux.
Pour une menthe à l'eau les mordus du Rock & Roll sélectionnaient toute l'après-midi, les "Hits" de leurs idoles accompagnés à la guitare électrique dont les sonorités métalliques avaient peu à peu, fait fuir les "croulants".
Parfois, luxe suprême, on pouvait sélectionner, sans bouger de sa place, des titres sur une boite accrochée au mur.
Les habitants des grandes villes eux, pouvaient trouver, avec un peu de chance, une brasserie qui possédait un Scopitone (2). Les jeunes s'y pressaient alors afin de voir, pour 1 franc, les rois du "yéyé" joindre le geste à la parole et se déhancher en couleur sur les danses à la mode.


Les principaux Hits français de l'année 1962

Dans la foulée, les artistes établis s'essaieront au genre et filmeront en 16 mm, romances ou squetches comiques.
L'industrie du disque astucieuse et prolifique, comprit très vite que les jeunes deviendraient des inconditionnels des rythmes endiablés et débourseraient jusqu'à leur dernier centime pour se payer le nouveau 45 tours sorti, qui à peine pressé serait remplacé par le suivant. Un produit en remplaçait un autre.
Quelques "Teppaz"(3) viendront alors égayer les surprise parties que l'on appelait pas encore les boums. Les premiers émois des adolescents seront bercés par les galettes de vinyle sous le regard désapprobateurs des parents horrifiés par cette "musique de sauvages".
Pour ma part, c'est en noir et blanc sur les écrans de télévision minuscules de l'époque que je vis pour la première fois s'animer les idoles figées sur le papier glacé des pochettes. Un monde nouveau s'ouvrait à moi même si l'unique chaine avec ses horaires réduits et ses "carrés blanc" en limitaient l'horizon. Et lorsque j'entends aujourd'hui encore, certains couplets de cette année 62, je ne peux m'empêcher de replonger dans l'atmosphère de cette période si douloureuse pour nous. En écoutant les paroles de ce qui fut un succès international, c'est un résumé de notre état d'esprit à notre arrivée en métropole que l'on peut s'approprier, même si le sujet est tout autre.

"Et maintenant,
que vais je faire,
de tout ce temps
que sera ma vie...
Et puis un soir dans mon miroir
Je verrai bien la fin du chemin
Pas une fleur et pas de pleurs
Au moment de l'adieu.
Je n'ai vraiment plus rien à faire.
Je n'ai vraiment plus rien..."

Alors, cette page hors sujet ? Pas si sur...

(1) Un juke-box est un appareil public capable de jouer automatiquement de la musique enregistrée, traditionnellement sur des disques. Il s'agit généralement d’une machine payante, où l'on sélectionne le morceau à jouer avec un système de touches (alphabétiques et numériques) après avoir inséré une pièce de monnaie. Le juke-box, qui est désormais un objet de collection, se trouvait le plus souvent dans les bars ou les cafés américains.
(2) Le Scopitone est un jukebox associant l'image au son. Il s'est répandu au début des Années 1960. Il diffusait sur un écran de petits films (on dirait "clips" aujourd'hui) illustrant les tubes du moment.
(3) Teppaz est une marque d'électrophones qui a connu un immense succès. Dans les années 50 elle est le symbole des surprise-parties et, dans les années 60, de la musique yéyé.
Nota : Ces trois appareils sont des inventions françaises.

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Mis en ligne le 06 jan 2011

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