Je vous connais depuis for longtemps cher " français de souche ". J'ai parmi vous des amis très chers. Des plus que demi-frères. Vous me côtoyez sans même me connaître. Ce que je représente, ne vous intéresse pas. Ce qui me tient au cœur ne vous concerne pas. Il est bien évident, en m'adressant à vous, que je sais qu'il y eut des êtres venus de métropole, chez moi, admirables dans leur conception de l'honneur, qui ont donné leur vie sans ne rien espérer en retour. Devant ceux là et ils furent nombreux, je m'incline respectueusement. Je me tourne vers vous, français de base, sans haine, sans rancœur. Je m'adresse aux 17.505.029 d'entre vous qui ont voté pour mon éviction de ma terre natale. Du moins à ceux qu'il en reste et à leurs descendants, qui auraient reçu en héritage, leur étroitesse d'esprit, leurs idéologies perverses ou leur colossale ignorance. Je m'étonne souvent de vos contradictions, vous qui voulez accueillir la misère du monde et qui laissez mourir comme des rats vos vieux trop encombrants ou le voisin démuni derrière la porte du pallier d'en face. Vous qui railliez naguère, les grenouilles de bénitier, qui bouffiez du curé en moquant la soutane, vous êtes en admiration devant le croyant ostensible, pratiquant de la nouvelle religion. Vous qui prônez la multi culturalité en niant votre propre culture, parce que d'autres, nouvellement installés, veulent conserver la leur à tout prix. Vous qui vendez votre identité pour un plat de paix sociale factice, assaisonné de communautarisme mal déguisé et d'une couarde humanité.
Vous m'avez traité de bougnoul, de bicot, de melon, et c'était moi le raciste ! De colon, moi le fils d'une lignée d'ouvrier et de laborieux qui ne possédait rien d'autre que les parfums de la terre berceau, qui m'avait vu naître. Vous m'avez dénommé facho alors que mes pères sont venus chez vous, combattre le " boche " en 14 et bouter les nazis de la terre que bon nombre d'entre vous avaient renoncé à défendre. Je suis surpris par vos connaissances historiques qui vous font célébrer avec ferveur le 17 octobre 1961 et vous font ignorer le 26 mars 1962 et le 05 juillet 1962. Si je respecte profondément vos fils, même les quelques uns, qui sont venus, avec mauvaise grâce, pour conserver ma province dans le giron de la France éternelle, je me désole de vos réflexions qui voyaient un engagement inutile pour une cause qui ne vous concernait pas. Il est vrai que les gosses de chez moi, ne méritaient pas d'être défendus et sauvés. Pourtant qu'il est lourd votre silence sur les cinq cents militaires français disparus après ce cessez-le-feu que vous avez reçu avec soulagement. Vous vouliez la " paix en Algérie ", mais vous qui vous proclamez " Justes ", y avez amené des armes cachées dans des valises qui contribuèrent à envoyer ad patres, vos fils précédemment cités, que vous aimiez tant et accessoirement ce quidam de " colon " qui ne récoltait, selon vous, que ce qu'il avait semé. Vous vous révoltez lorsqu'une bande de maniaques obscènes, s'amuse à taguer quelques dalles dans un cimetière et vous faites silence sur la tombe de mes anciens profanée sans vergogne. J'étais un immigré indésirable avec papiers en bonne et due forme, vous me fîtes de beaux présents : mes actes d'état civil au ministère des affaires étrangères et une immatriculation spéciale, numéro 99 signifiant étranger et un dza pour signe distinctif. Vous m'avez accueilli comme un chien qui renverse les quilles qui soutenaient branlantes vos certitudes factices et votre inconscience démesurée, car je venais, disiez vous " manger le pain des français. " Je vous dis mes souffrances vous haussez les épaules. Je vous raconte des faits, ils vous indiffèrent. Je vous montre des photos et vous tournez la tête. Mais je ne vous hais pas ! Parfois même je vous plains. Lorsque vous sortirez de votre léthargie, puisqu'il le faudra bien un jour, quand vos préoccupations de confort passeront au second plan, parce qu'il vous faudra simplement survivre, vous assisterez impuissant à la déliquescence. Il n'est pas encore temps. Il faut vous étourdir pour nourrir vos chimères. Et lorsque le jour viendra, j'aurai un avantage sur vous, maigre consolation certes, mais je sais à quelle sauce nous serons dégustés. (1) Le référendum du 8 avril 1962, exclut, les personnes vivant en Algérie, y compris miliaires et fonctionnaires, pourtant les premiers intéressés. Il fallait approuver à tout prix, les accords d'Évian. Sur 27 millions d'inscrit, 6.573.181 abstentions (24 %), 1.108.982 nuls, 1.794.072 non (6,7 %) et seulement 17.505.029 oui soit 65 %, malgré l'infernale propagande qui l'a accompagné et l'interdiction faites aux partisans de l'Algérie française de s'expliquer. On ne retiendra que ce chiffre : 90,7%, en se gardant bien de préciser qu'il ne s'agissait que de la proportion de " OUI " des suffrages exprimés.
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Mis en ligne le 14 sept 2010